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Mourir

Le Mourir dans la vie et la mort dans la ville: le Tableau de Paris (1781–89) de L.S. Mercier

Laurence Mall, University of Illinois at Urbana-Champaign

Volume 21, no. 1, Fall 2008

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ABSTRACT

Par la forme radicalement ouverte, non chronologique et non systématique de son énorme Tableau de Paris (1781– 89), Mercier à la veille de la Révolution élabore un discours sur la mort qui rompt autant avec le discours romanesque qu’avec le discours philosophique. Dans le roman du xviiie siècle à structure biographique, la mort d’un personnage principal (Manon, Julie, Madame de Tourvel et tant d’autres) immanquablement servira de point d’orgue à une vie d’exception, étoffera ou approfondira une leçon morale, fera résonner une fatalité. C’est que la fiction « livre une chronique ambigüe de la mort, à la fois reflet du nouvel air du temps et accélérateur des prises de conscience, en forçant le trait, et en donnant aux expressions exceptionnelles une audience nouvelle ». De leur côté les philosophes, lourdement influencés par la philosophie antique, insistent sans originalité particulière sur la nécessité d’une acceptation sereine de notre condition. Mercier, lui, élabore en pointillés un discours décidément différent où la mort est objet d’observation et de méditation en tant qu’elle advient et qu’elle a lieu dans le monde social, contemporain et urbain: le Paris des années 1770–80. Certes, il est comme tout penseur de son temps familiarisé avec la prédication chrétienne, les grands textes de fiction et les diverses veines philosophiques (stoïques, libertines, matérialistes, déistes) fournissant les cadres de pensée, les topiques, l’«horizon d’attente» de ses contemporains. Mais parce que la grande ville est son objet premier, ce qui le différencie au premier chef est l’exceptionnelle attention portée au quotidien où s’insinue la mort—au monde du travail, du commerce, aux coutumes, croyances, attitudes et comportements des Parisiens selon leur condition sociale, aux spectacles de la rue. C’est en cela, d’ailleurs, qu’il procure aux historiens de la mort une riche source d’information. Pourtant, bien que son auteur ait lui-même écrit que dans le Tableau de Paris « comme dans ceux de Rembrandt les couleurs noires dominent », il ne s’agit évidemment pas d’un texte sur la mort. Lorsque donc Mercier décrit et critique les pratiques du mourir à Paris à son époque, il les insère de façon discontinue dans la vue mouvante des vivants et son immense complexité telle qu’elle se déploie sur les plus de 3 000 pages du Tableau. Et il les traite en écrivain. Multipliant les perspectives dans de brefs chapitres ou fragments hétérogènes, diversifiant son écriture selon l’enjeu moral ou politique, selon l’exigence esthétique du contexte, il crée un discours irrégulier, hybride et fragmentaire, fait de descriptions en forme et de courtes notations, d’analyses sociales et d’anecdotes satiriques, de méditations lyriques et de reportages. Aucun type d’écriture singulier ne saurait à lui seul prendre en charge la diversité des angles adoptés.
DOI: 10.1353/ecf.0.0040

For other ECF articles on the topic of “journalism in the long eighteenth century,” see:

The General Entertainment of My Life: The Tatler, the Spectator, and the Quidnunc’s Cure
by STUART SHERMAN (ECF 27.3-4, Spring-Summer 2015)

The Solitary Animal: Professional Authorship and Persona in Goldsmith’s The Citizen of the World
by MEGAN KITCHING (ECF 25.1, Fall 2012)

Periodical Vistitations: Yellow Fever as Yellow Journalism in Chalres Brockden Brown’s Arthur Mervyn
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